Après une deuxième place à Abu Dhabi, les quatre années de Sainz passées au sein de la Scuderia Ferrari touchent à leur fin. Alors que nous lui faisons nos adieux, nous republions cette interview dans laquelle nous évoquions sa relation avec son père
D’Antonio et Alberto Ascari dans les années 20, en passant par Gilles et Jacques Villeneuve, Graham et Damon Hill, Keke et Nico Rosberg et, plus récemment, Michael et Mick Schumacher, la Formule 1 regorge de légendaires dynasties père-fils.
Toutefois, le cas de la famille Sainz est plus inhabituel. Carlos, qui a fait ses débuts en Formule 1 en 2015, a rejoint la Scuderia Ferrari cette saison. Comme bon nombre des pilotes susmentionnés, il a lui aussi un père avec une illustre carrière en compétition automobile. Mais cette fois, le fils ne sera pas en mesure d’égaler les prouesses de son père au volant.
Carlos Sainz célèbre sa victoire sur le podium du Grand Prix d'Abou Dhabi de cette année
Seulement parce que Carlos Sainz senior est une légende dans le monde du rallye. Il faudrait donc que la carrière de Carlos change radicalement, mais très peu de pilotes ont sauté le pas, car cela se termine presque toujours de manière décevante, même pour de grands noms tels que Kimi Räikkönen. Au cours d’une carrière impressionnante de près de vingt ans, Sainz senior a été deux fois champion du monde et a remporté pas moins de 26 rallyes. D’ailleurs, il n’a toujours pas raccroché son casque de pilote.
Carlos Sainz Senior, fier père de famille, a guidé la carrière de son fils talentueux jusqu'au sommet de la Formule 1. Leur lien est plus fort que jamais aujourd'hui
« C’est une force de la nature qui ne s’arrête jamais », déclare son fils. « Il vous pousse en permanence à placer la barre toujours plus haut. C’est quelqu’un qui, lorsqu’il a arrêté le rallye, a décidé de passer au rallye-raid et a réussi à remporter trois fois l’épreuve la plus difficile de toutes, le Rallye Dakar », explique Carlos. « Et il y participera à nouveau cette année ».
Cette année, à l’âge de 59 ans, Sainz senior s’est lancé dans une toute nouvelle aventure, en participant à la compétition Extreme E, au volant de SUV à moteur électrique très rapides. « Nous avons toujours eu une relation très intense », affirme le Madrilène âgé 27 ans. « Mon père ne sait pas rester en place et quand j’étais enfant, cela signifiait devoir en faire toujours plus. Lorsque j’ai commencé à m’intéresser au karting, il m’a soutenu et motivé. Il était d’accord avec le fait que je ne suive pas ses pas. » Maintenant qu’il est entré de plein droit en Formule 1, Carlos sait pertinemment le défi que cela représente de porter le nom de Sainz.
De gauche à droite : Carlos Sainz visite l'usine Ferrari de Maranello ; il teste la nouvelle supercar F80 sur la piste de Fiorano ; il pose devant sa 812 Competizione Tailor Made ; Carlos porte des articles de la collection de mode Ferrari SS/25
« Cela a toujours été un honneur, souligne-t-il, même si au début de ma carrière, c’était plutôt un fardeau, mais ce n’est pas sa faute. » À propos du monde des courses, il déclare : « Les initiés du secteur et les médias peuvent être cyniques. Au début de ma carrière, nombreux étaient ceux qui insinuaient que j’étais là uniquement parce que j’étais le fils d’un champion de course. À cette période, mon père m’a encouragé et m’a aidé à donner le meilleur de moi-même. C’est ainsi que j’ai pu prouver, par mes résultats, que je méritais la carrière que je me construisais. » Tout ça, c’était il y a longtemps. « Je dirais même que j’ai appris à me débrouiller tout seul depuis », affirme-t-il avec un sourire détendu. « Mais savoir que mon père est à mes côtés est fondamental ! »
Sainz senior est une présence discrète, à la maison comme dans le paddock. Il reste pourtant un personnage central dans la vie de son fils, comme le révèle Carlos à propos d’une anecdote lorsque Ferrari l’a engagé.
« Je me souviendrai toujours du jour où nous avons conclu l’affaire. Comme à l’accoutumée, nous avons dû travailler sur plusieurs versions du contrat, en organisant de nombreuses réunions et en échangeant plusieurs e-mails entre Madrid et Maranello. De même, la pandémie empêchant tout déplacement, nous avons dû tout faire par visioconférence. Ce matin-là, je me suis levé à huit heures et mon père m’a dit : “Prends un stylo, le contrat Ferrari vient d’arriver. Et tu dois le signer.” J’étais encore en pyjama », déclare Carlos en riant. « Mais je l’ai signé ! ».