Alessio Viola
L’ancien pilote de la Scuderia Ferrari de F1 Giancarlo Fisichella a effectué un « tour d’essai » à bord de la géniale nouvelle supercar hybride de Maranello sur le circuit de Fiorano. Les idées reçues se sont vite envolées
Le nom de la SF90 Stradale contient deux mots étroitement liés tout en étant fortement éloignés : il s’agit d’un hommage délibéré à la voiture de Formule 1 de cette année - la SF90 - faisant néanmoins référence à la longue et glorieuse tradition Grand Tourisme de Ferrari.
Qui de mieux que Giancarlo Fisichella, donc, pour la mettre à l’épreuve ? C’est un pilote qui, après tout, a eu une carrière qui a connu le même type de dualité : il y a une décennie il conduisait encore les voitures de la Scuderia Ferrari de F1 alors qu’aujourd’hui il est au volant d’une 488 GTE au sein de l’écurie Spirit of Race.
Inutile de dire que les virages et les lignes droites de Fiorano offraient un cadre idéal à cette rencontre pilote-voiture. Ce fut un duel silencieux, uniquement « interrompu » par les ingénieurs de Ferrari et les pilotes d’essai révélant les secrets de leur dernière création. Et de nombreuses révélations devaient être faites : la SF90 Stradale jette les bases de la nouvelle génération de modèles. Elle représente un changement de paradigme qui définira le futur de la marque, mais il ne s’agit pas non plus de rejeter le passé. Après tout, les traditions ne sont pas figées : elles changent avec leur époque, s’adaptant au monde qui les entoure. Voilà pourquoi, naturellement, la nouveauté presque sacrilège d’aujourd’hui deviendra bientôt la tradition de demain.
La SF90 Stradale semble délibérément conçue pour confondre, mélanger et, par-dessus tout, redéfinir des limites qui semblaient jusqu’alors immuables. Pour commencer, ses 1000 ch ont une valeur symbolique extrêmement puissante, mais le plus frappant est leur origine : 780 ch sont produits par le V8 bi-turbo plusieurs fois récompensé qui a été agrandi à 4 litres pour l’occasion, tandis que 220 ch sont fournis par les trois moteurs électriques, dont deux entraînent les roues avant, avec le troisième situé entre le V8 et la boîte à double embrayage et 8 rapports.
« C’est une fusée ! », s’exclame Fisichella quand il rentre aux stands. Il explique ensuite combien il est impressionné par la puissance déployée par la voiture dans les virages et surtout par sa réponse extrêmement fine à l’accélérateur. C’est évidemment grâce aux moteurs électriques susmentionnés qui fournissent une puissance avec une rapidité telle qu’elle fera oublier le turbo lag aux pilotes une bonne fois pour toutes.
Les moteurs électriques sont également cruciaux pour la maniabilité de la voiture, ce qu’a compris Giancarlo dès le tout premier virage. « En jouant avec l’accélérateur, on sent le nez de la voiture presque dirigé vers la ligne que l’on a choisie. » En d’autres termes, la vectorisation de couple permet à la dernière création de Maranello de réunir le meilleur des deux mondes : la sensation de propulsion arrière associée à la vitesse dans les virages des quatre roues motrices.
Tandis qu’il écoutait la longue liste des nouvelles caractéristiques de l’habitacle et de l’interface homme-machine - un autre des changements radicaux lancés sur la SF90 Stradale - le mode eDrive entièrement électrique a suscité l’intérêt de Fisichella. Sur la piste, toutefois, l’instinct a pris le dessus et il a presque immédiatement mis le manettino en position « CT Off ».
L’asphalte était encore humide par endroits mais cela n’a posé aucun problème. En réalité, il s’est agi d’une convaincante démonstration que cette Ferrari conserve la maniabilité fluide et sans effort typique de la marque au Cheval cabré. Une ultérieure confirmation, s’il en fallait une, que la SF90 Stradale n’oblige pas à prendre parti dans un monde parfois divisé entre les personnes appartenant à la vieille école et les autres. Elle adopte au contraire les nouveautés sans tourner le dos à la tradition. Et c’est cela, plus que toute autre chose, qui la rend si formidable.