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01 déc. 2022Magazine, Cars

La renaissance de la 250 GTO

Voitures

La renaissance de la 250 GTO

La Ferrari 250 GTO – châssis 3851 GT – a enflammé les passions de nombreux gentleman drivers, qui ont disputé toutes sortes de courses. Après quatre ans de restauration, ce chef-d’œuvre sur roues retrouve sa splendeur d’origine grâce aux maîtres-artisans de Ferrari Classiche

Texte : Alessandro Giudice - Photos : Andrea Frazzetta

Henri Oreiller croquait la vie à pleines dents, au point qu’il a vécu son existence à toute allure en faisant sans cesse monter le niveau d’adrénaline d’un jeu aussi passionnant que dangereux. En France, on l’appelait « le fou descendant » depuis l’époque où, à seulement 23 ans il devint le premier champion olympique français admiré par le monde entier sur les pistes de Saint-Moritz aux Jeux olympiques d’Hiver de 1948. 

En partenariat avec l’éclectique Jo Schlesser, un homme d’affaires français fou de course, qui vécut à Madagascar, Henri participa aux 6 000 km du Tour de France Automobile 1962. Ils s’y classèrent deuxièmes au volant de leur belle Ferrari 250 GTO – numéro de châssis 3851 GT – dont Schlesser avait pris livraison quelques jours auparavant à Maranello. 





Les techniciens du département Classiche ont travaillé dur dans leur quête pour que chaque détail de la voiture soit correct, en se référant aux photos et à la documentation originales des années 1960




À l’occasion de cette quasi-victoire, leur berlinette argentée arbora le drapeau français dans le sens de la longueur au beau milieu de la carrosserie. Malheureusement, seulement deux semaines plus tard, Oreiller perdit le contrôle de la voiture pendant la course et finit par s’écraser au coin d’une maison. Le pauvre pilote français, pris au piège dans la GTO pliée en deux, fut tué sur le coup. Schlesser ramena la voiture détruite à Maranello, où elle fut réparée et habillée d’une livrée rouge, avant d’être vendue. 

Le destinataire du dix-septième exemplaire des trente-six 250 GTO construites était un dénommé Paolo Colombo. Ce gentleman driver, passionné de courses de côte, porte-drapeau de la Scuderia Trentina, donna ensuite la 3851 GT à un compagnon d’aventures, Ernesto Prinoth, d’Urtijëi dans le Tyrol du Sud.

Au bout d’un an, il céda aux propositions insistantes de Fabrizio Violati, un jeune homme issu d’une famille d’entrepreneurs romains, qui vouait une passion sans bornes à Ferrari, et lui vendit la GTO. 





La voiture a vécu une vie longue et fascinante, passant d'un passionné de Ferrari à un autre, courue, accidentée, réparée et chérie




Violati cacha l’achat à ses parents. Il gardait la voiture dans un garage loin de chez lui et la conduisait uniquement la nuit. Le tifosi et pilote romain a longtemps conservé la 250 GTO, avec sa plaque d’immatriculation d’origine : MO 80586. Lorsque Violati décéda, sa collection Maranello Rosso fut répartie et la GTO mise aux enchères. Elle sera rachetée en 2014 par son propriétaire actuel, Carlos Monteverde, un entrepreneur brésilien basé à Londres. En 2018, Monteverde chargera Ferrari Classiche de sa restauration minutieuse.

Le collectionneur demanda aux experts de Maranello de remettre la voiture dans l’état dans lequel elle fut livrée à Jo Schlesser à l’époque : carrosserie gris clair métallisé, échappement arrière double, nez refait. Pour ce dernier détail, les techniciens ont dû se référer à la documentation de l’époque, y compris les photographies. Chacune des GTO était construite à la main et différait légèrement l’une de l’autre, notamment en raison des demandes des clients, mais surtout parce que les tôliers fabriquaient la carrosserie en martelant des plaques d’aluminium sur des formes en bois. Dans le cas de la 3851 GT, les phares n’étaient pas les Marchal équipant les autres GTO, mais des Cibié, la marque française qui sponsorisait Henri Oreiller. 





Le moteur de la 250 GTO a fait l'objet d'une révision complète pour lui redonner sa gloire d'antan, le V12 de 3 litres de compétition ronronne maintenant comme le premier jour de sortie de Maranello




Les phares supplémentaires étaient rectangulaires, mais avaient un bord plus solide (les Marchal « disparaissaient » dans la carrosserie) et une sorte de visière au sommet. Compte tenu du caractère essentiel, presque austère, de cette icône parmi les Ferrari GT, les sièges ont conservé leur tissu bleu d’origine. Au niveau mécanique, il a suffi d’une révision complète du classique V12 de 3 litres de compétition (auquel Violati avait auparavant ajouté de la puissance), du châssis, des suspensions, des essieux, de la transmission ainsi que du système de freinage. 

Ce magnifique résultat représente un glorieux retour au passé et rend hommage aux débuts sensationnels d’une voiture en dépit du triste sort de ses premiers conducteurs. Un malheureux destin compensé toutefois par l’amour des personnes, qui ont su libérer avec passion sa puissance pendant 45 années d’affilée. C’est un futur encore plus brillant et non écrit qui se profile à l’horizon.





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