La tradition et l’innovation doivent progresser au même rythme. À Maranello, au cœur de Ferrari, nous découvrons comment Benedetto Vigna, directeur général de Ferrari, conduit la marque vers l’avenir
Lorsque l’on visite une belle demeure, dans quelque région du monde que ce soit, la première chose que l’on fait habituellement est de lever la tête pour admirer les plafonds, les tapisseries sur les murs et les vitres décoratives. On vous raconte ensuite l’histoire de ce magnifique bâtiment, et vous découvrez que ses fondations furent établies à l’endroit où se trouvait autrefois un édifice important.
Les fondations nouvelles naissent sur des structures préexistantes. Il en va de même chez Ferrari depuis sa fondation en 1947, lorsque Enzo Ferrari créa une voiture de course à 12 cylindres. À Maranello, l’innovation est l’enfant de la tradition et ce qui est aujourd’hui une innovation sera demain considéré comme une tradition. C’est en partie pour cette raison que les images que vous voyez au fil de ces pages représentent des personnes qui travaillent ici depuis plus de trente ans (nombre d’entre elles étaient présentes à l’époque même du fondateur) aux côtés de celles qui nous ont rejoints récemment.
De gauche à droite : Fabio Borghi, Teresa Alfano, Massimo Secchi, Andreas Dino Fisher, Anna Cerino
Pour cette même raison, les photos ont été prises à la fois dans les lieux d’origine de l’usine et dans les nouveaux bureaux, y compris ceux où la première Ferrari électrique verra le jour en 2025. « Dans le secteur du luxe, la tradition et l’innovation doivent progresser au même rythme », déclare Benedetto Vigna, directeur général de Ferrari. Mais aujourd’hui, il est plus que jamais nécessaire de maintenir un équilibre entre ces deux éléments clés : si vous vivez en pensant excessivement au passé, vous risquez de devenir craintif et arrogant. Cette peur du changement et cette arrogance sont propres à ceux qui, forts de leur expérience, sont convaincus qu’ils savent déjà tout et ne cherchent donc pas à relever de nouveaux défis. Si, au contraire, vous n’êtes orientés que vers l’avenir, vous perdez de vue votre histoire qui, dans le cas d’une marque telle que Ferrari, est une valeur absolument non négociable. »
Qu’entendez-vous par « innovation » ?
« Trop souvent, on pense que l’innovation ne concerne que la technologie ou les logiciels. Ce n’est pas le cas. Il y a également les innovations concernant les matériaux, la rentabilité et, bien sûr, le design, autant d’éléments qui touchent avant tout aux émotions. Et l’un des points forts de Ferrari est sa capacité à susciter des émotions. Car c’est cela que nos clients recherchent avant tout. »
Première image : Lorenzo Drei, Carlo Gazzotti, Emanuele Barbera, Federica Schiapparelli, Claudio Bertanti, Ilaria Isidori. Deuxième image : Carlo Garuti, Maria Staffiere, Clemente Guazzo. Troisième image : Gian Luca Venturelli, Paolo Damiani, Stefano Vandelli, Flavia Bruni, Luca Gironi, Vittorio Argentino. Image 4 : Marcello Baldelli, Anas Gamraoui, Alessandro Marchetti, Caterina Sodi, Fabrizio Quattrini, Patrizia Leonesi
Et comment réussissez-vous à atteindre cet objectif ?
« Tout d’abord en ne cessant jamais d’étudier. “Il n’y a rien de nouveau sous le soleil”, dit un célèbre dicton. Cela signifie que c’est dans le passé qu’il faut chercher les solutions aux problèmes d’aujourd’hui. Car, au fond, les besoins de l’humanité sont les mêmes depuis des siècles et c’est à nous de les satisfaire en appliquant les connaissances d’aujourd’hui. Ou en étoffant notre savoir-faire. »
Par quel moyen ?
« L’un des stéréotypes à déconstruire est celui du génie qui travaille tout seul et qui, au milieu de la nuit, se réveille avec la solution au problème. Je suis convaincu que ce qui compte le plus, c’est le travail d’équipe et le partage permanent. C’est en nous parlant et en nous écoutant les uns les autres que nous sommes en mesure d’activer de nouveaux processus et de trouver une solution, ou du moins une amélioration. En d’autres termes, on ne se lève pas le matin avec l’objectif d’avoir une nouvelle idée lumineuse : celle-ci arrive quand elle doit arriver. »
De gauche à droite : Alberto Uguzzoni, Francesca Zerbini, Camilla Salvatore, Francesco Baschieri, Fabrizio Ciocci
Que faut-il toujours garder à l’esprit durant cette quête ?
« L’humanité. Ainsi que son désir et sa capacité à ressentir des émotions. Avec les yeux, les oreilles, tout le corps. Une fois que cet objectif est clair, il faut réfléchir à la manière de l’atteindre. Tout d’abord, en travaillant ensemble, en se parlant et en se confrontant les uns aux autres. Nous devons nous tourner à la fois vers le passé et vers l’avenir, tout en maintenant un équilibre entre la conscience de la connaissance et la peur de la nouveauté. Et à ce stade, c’est le cerveau - si nous lui laissons le temps de penser - qui doit faire la synthèse entre d’un côté ce que nous voyons, et de l’autre ce que nous voulons obtenir. Ce qui est nouveau est enraciné dans l’histoire. C’est l’humanisme de la technologie. »
Image de couverture, prise sur le chantier de cons truction des nouveaux bureaux commerciaux et marketing. De gauche à droite : Alessandro Tedeschini, Antonella Leoni, Matteo Allegri, Federica Garghetti