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16 mars 2023Magazine, Cars, Passion

Retour à Sebring

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Retour à Sebring

Alors que la 499P Le Mans Hypercar fait ses débuts aux 1000 Miles de Sebring, nous revenons sur l'année 1956, lorsque la première sortie de Ferrari sur le même circuit se solda par un doublé triomphal du Cheval Cabré

Texte : Ross Brown

En mars, Ferrari revient dans la catégorie reine du Championnat du monde d'endurance FIA avec la 499P Le Mans Hypercar, un Cheval cabré de 680 ch animé par un groupe motopropulseur hybride à la pointe de la technologie du sport automobile. 

C’est tout naturellement que la 499P fera ses débuts aux 1000 miles de Sebring, l’épreuve d'ouverture du FIA WEC 2023 et un circuit qui, depuis sa création au milieu du siècle dernier, est considéré comme l’échauffement parfait en vue de la plus célèbre course d'endurance de toutes : Le Mans.





Le légendaire pilote Ferrari Juan Manuel Fangio au volant de la 860 Monza en route vers la victoire : il était associé à l'Italien Eugenio Castellotti




D’ailleurs, le Circuit International de Sebring est si extraordinaire qu'il forme l'un des trois circuits de la Triple Couronne des courses d'endurance, les deux autres étant les 24 Heures de Daytona et bien sûr Le Mans. Dans les années 50, Sebring n’était qu’un circuit relativement nouveau qui, bien que connu dans le cercle des courses, n'était pas encore devenu un nom familier. Tout allait changer par un chaud après-midi de 1956.

Si le circuit de Sebring semblait en apparence plus adapté à faire atterrir des avions qu'à accueillir des voitures de course, c'est qu’il y avait bel et bien une raison. En réalité, les longues lignes droites en béton ont été conçues pour supporter tout le poids d’un Boeing Flying Fortress de 32 tonnes, les voitures de course légères et rapides des années 50 roulaient sur le tracé cahoteux avec une imprécision risquée. 

C'était un circuit dangereux et difficile, d’ailleurs de nombreuses équipes estimaient qu’un tour du circuit long de 6 km, sous la chaleur torride de la Floride, équivalait à deux tours au Mans. C’est pourquoi les équipes européennes, qui se consacraient à gagner les Mille Miglia et la Targa Florio à domicile, étaient prêtes à faire le voyage jusqu’aux États-Unis pour la course de l'année. En 1956, cinq constructeurs expédièrent leurs voitures d'usine pour la course : Ferrari, Maserati, Aston Martin, Porsche et Jaguar. 





Fangio, vu ici avec Enzo Ferrari, a eu du pain sur la planche lors de la course contre la Jaguar de Mike Hawthorn, les deux échangeant la première et la deuxième place tout au long de la course




74 voitures furent engagées (comparez ce chiffre aux 49 voitures engagées au Mans et vous comprendrez la popularité de ce circuit naissant). En dépit de la nouvelle menace que représentaient les Jaguar D-Types, Ferrari était venue pour gagner. Sur les trois Ferrari d'usine qu’elle avait alignées, deux étaient des 860 Monza, propulsées par des moteurs quatre cylindres en ligne de 3,4 litres pouvant atteindre 260 km/h.

C’étaient des mastodontes de course d'endurance forgés sur les routes impitoyables des montagnes européennes. La troisième est la 857 Sport, prédécesseur de la 860, qui avait gagné sa place sur la grille de départ en se classant deuxième aux 1000 km de Buenos Aires en janvier de la même année. 

Les pilotes, bien sûr, étaient aussi redoutables que les voitures. La première 860 Monza était pilotée par Juan Manuel Fangio et Eugenio Castellotti, considérés comme deux des plus grands pilotes de course de tous les temps. La seconde était pilotée par les pilotes de la F1 Scuderia Luigi Musso et Harry Schell tandis que la 857 était confiée à Alfonso de Portago et Jim Kimberley, tous deux considérés comme des spécialistes des courses d'endurance. 





La Ferrari 860 Monza de Luigi Musso et Harry Schell accélère et dépasse une Porsche 550 Spyder : ils finiront deuxièmes de la course




La course débuta à 10h00 devant les 47 000 supporters qui avaient traversé le pays pour assister au plus grand rassemblement de talents européens que l'Amérique ait jamais vu. Comme tout le monde l'avait prédit, les Jaguar D-Type étaient rapides. La Jaguar à injection de Mike Hawthorn partit en 8e position et dépassa la Chevrolet Corvette en tête du peloton au premier virage.

Dès la fin du premier tour, Stirling Moss, parti 28e et dont le talent brut compensait les faiblesses de son Aston Martin, enclenchait rapidement les vitesses pour se placer juste derrière lui. Cependant les courses d'endurance ne se gagnaient pas au premier tour, et derrière eux, Fangio s'installait entre-temps au volant de sa 860 Monza, appuyait à fond sur l'accélérateur et entamait une guerre d'usure qui allait durer les douze heures suivantes.  




Le pilote américain Jim Kimberly fait le tour de la piste de Sebring dans sa Ferrari 857 S numéro 19. Des problèmes de soupapes avec le moteur signifiaient que lui et son partenaire espagnol Alfonso de Portago n'étaient pas en mesure de terminer




La Ferrari 857 se retira au bout de sept heures et, avec l'abandon de Moss, c'est à Fangio/Castellotti et Musso/Schell que revint le rôle de foncer sur la Type D de Hawthorn. Pendant près de la moitié de la journée, les deux Ferrari et la Jaguar jouèrent au chat et à la souris aux arrêts aux stands : l'une s'arrêtait, l'autre prenait la tête, puis c’était au tour de l’autre de s’arrêter et d’être devancée.

Et ainsi de suite, des heures durant, sous le soleil couchant de Floride. Jusqu'à ce que, chose incroyable, la durite de frein avant de Hawthorn se casse et que le liquide se répande sur la piste, l'obligeant ainsi à abandonner. Avec le reste du peloton à plus de 16 km derrière, les 860 s’imposèrent et offrirent à Ferrari son premier doublé au championnat constructeurs à Sebring. Elle battait ainsi les meilleurs Européens dans la cour des Américains et plantait le drapeau de la Scuderia sur la mappemonde. 




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