Texte Giancarlo Fisichella
Le double vainqueur des 24 Heures du Mans Giancarlo Fisichella nous donne son verdict sur la nouvelle 488 GTE
Je n’oublierai jamais la chaleur ce jour-là. L’humidité, presque insupportable, malgré la brise marine qui soufflait au loin pour la contrer. Et je n’oublierai jamais le frisson ressenti lorsqu’à 9h05, ce matin-là ; « elle » apparut devant moi pour la première fois.
C’était le 27 août 2015, et « elle », la 488 GTE, attendait sur le circuit d’Adria, non-loin de Padoue dans le nord de l’Italie. Ma première réaction fut un sentiment de beauté absolue, même à l’état brut, avec le carbone encore visible, et seul le toit peint en rouge. J’admirais ses lignes, son élégance et sa simplicité.
J’étais impatient de la tester, déclarant aux mécaniciens : « Allez les gars, en route ». Mais il s’agissait d’un test, et après un premier tour pour contrôler les systèmes, il y eut un long arrêt au stand. J’étais comme un lion en cage.
Lorsque la 488 GTE arriva à la Risi Competizione HQ en Floride une semaine avant les 24 Heures de Daytona, elle fut accueillie par la pluie. Insoutenable pour le « Sunshine State »… Le risque de glisser sur la surface mouillée et d’endommager le véhicule était trop élevé, surtout si l’on considère que le temps serait probablement revenu au beau fixe pour la course.
À la sortie des stands de Daytona, la piste semi-inondée, je me dit : « Giancarlo, vas-y mollo, ne prends pas de risques », mais au terme du premier tour, je prenais mon pied à tester les limites, même en conditions aussi épouvantables.
La 488 GTE approche la perfection. On constate une série d’innovations : le moteur turbo en particulier, mais aussi la transmission, les suspensions, les freins, le volant et le cockpit. La voiture a conservé voire même amélioré la principale caractéristique du précédent modèle : sa maniabilité. La 458 Italia, notamment la version GT3, vante des références gagnantes que bien peu sont en mesure d’atteindre, grâce à la facilité avec laquelle on la porte à ses limites.
La nouvelle boîte transversale est exceptionnelle : passer de la première à la sixième sans accroc est un véritable pas en avant. Le moteur est une autre agréable surprise. En dépit d’une BOP défavorable (balance des performances – série de règlements mis en place, modèle par modèle, visant à placer autant que possible les performances d’un véhicule sur un même piédestal), je l’ai trouvée plus réactive que tout autre moteur à turbocompresseur qu’il m’ait été donné d’essayer. On remarque à peine le temps de réponse du turbo, preuve que le travail effectué sur la 488 GTB pour la route s’est aussi montré bénéfique pour la piste.
La sonorité est un facteur particulièrement frappant : magnifique, puissante, bien qu’inévitablement plus pondérée. Le volant est confortable, agressif, petit par la taille pour assurer une vision parfaite du tableau de bord, qui par rapport à la 458 Italia, fournit encore plus d’informations, on garde ainsi le contrôle maximal sur tous les paramètres essentiels. Même le cockpit a été amélioré de manière significative : on a peine à croire d’être dans une GT, le siège a davantage les traits d’une monoplace, d’une sport-prototype. La 488 est splendide et je suis convaincu qu’elle a le potentiel pour gagner tant en configuration GTE que GT3.