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24 janv. 2023Magazine, Passion

En souvenir de Gianni Agnelli

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En souvenir de Gianni Agnelli

20 ans après sa mort, retraçons la passion de l’Avvocato pour Ferrari

Texte : Umberto Zapelloni

Sans l’Avvocato Agnelli, peut-être qu’aujourd’hui Ferrari ne serait plus une fierté italienne. Elle serait Américaine, Française ou Chinoise, comme cela est arrivé à de nombreux constructeurs automobiles de la vieille Europe. Gianni Agnelli, dont on commémore le vingtième anniversaire de la mort le 24 janvier, était client, partenaire puis propriétaire de Ferrari. Mais il était surtout un grand fan de la Scuderia et un collectionneur de voitures curieux.

Sans cet accord du 18 juin 1969, annoncé trois jours plus tard, Ferrari n’aurait guère pu développer son rêve et devenir ce qu’elle est aujourd’hui avec l’entrée en bourse, d’abord à Wall Street puis à Piazza Affari.

Ce jour-là, Fiat décida d’aider Ferrari en devenant actionnaire à 50 %, avec la garantie d’en devenir propriétaire à 90 % le jour du décès du Commendatore. 




Gianni Agnelli en pleine conversation avec Enzo Ferrari: bien que tous deux profondément passionnés par leurs entreprises, les deux hommes ne se sont jamais disputés sur les affaires




L’Avvocato a toujours été un amoureux de Ferrari et des Ferrari. Il se les faisait presque faire sur mesure. On peut dire qu’il a inventé les one-offs. Certaines de ses Ferrari ont été exposées il y a quelques années au Museo Enzo Ferrari de Modena. Un exemple de son goût esthétique et de son amour pour la maison. Tout a commencé avec le 166 MM dont l’élégance fascina tellement l’Avvocato lors du salon de Turin 1948 qu’il voulut un exemplaire aux couleurs (vert et bleu) et à l’intérieur personnalisés. Ce fut sa première hors-série made in Maranello. La première barchetta de l’histoire. En 1952, il fit associer dans une Ferrari 212 Inter deux tonalités du bleu 456, la couleur « familiale » avec le blanc magnolia du toit, en ajoutant deux phares puissants pour profiter du plaisir de la vitesse même la nuit.

S’il aimait un modèle, l’Avvocato le faisait personnaliser. En 1955, il fit placer un précieux chronographe au centre du tunnel d'une 375 America créée par Battista Pinin Farina. En 1959, ce fut au tour de la 400 Superamerica, une pièce unique créée par Pininfarina qui donna à Ferrari un nouveau visage stylistique, tournant une page du passé.

De temps en temps, il demandait également des interventions plus importantes. Par exemple, dans les années 80, il commanda une Testarossa Spider rehaussée de détails raffinés comme un capot au design inédit et des couleurs particulières : le blanc magnolia pour la capote, le gris Nurburgring pour la livrée et le bleu pour l’intérieur. Il souhaita également personnaliser sa F40, commandée en 1989, avec des sièges en tissu noir et l’embrayage électronique Valeo. Mais l’Avvocato savait aussi se montrer généreux. En 2000, s’inspirant du style de la 360 Spider, il confia à Pininfarina le projet d’une barchetta encore plus extrême, pour un exemplaire unique en son genre : il s’agissait d’un cadeau de mariage pour Luca di Montezemolo, la seule Ferrari que l’ancien président a encore dans son garage.




L'accord de fusion de Fiat et Ferrari est intervenu en 1969, les deux parties convenant que l'acquisition ne devrait pas être basée sur l'argent, mais sur la créativité et la possibilité




L’Avvocato Agnelli faisait les demandes les plus étranges pour ses voitures de route, mais il n’osait jamais rien dire sur la gestion de l’équipe. Il la suivait, prenait souvent son hélicoptère pour assister personnellement aux tests et aux essais lors des grands prix. Il parlait aux techniciens, aux pilotes, il s’amusait avec les journalistes, mais il n’osait jamais prodiguer des conseils. Ferrari, tant qu’Enzo était là, n’a jamais été comme la Juventus. « Mon père fut impressionné par la force, le talent et les compétences commerciales de Gianni Agnelli », se souvient Piero Ferrari, vice-président de l’entreprise. « Il y avait une entente naturelle entre eux, qui s’est renforcée au fil des ans jusqu’à l’accord décisif qui donna vie en 1969 à l’un des partenariats les plus solides du monde automobile. J’étais avec mon père en ce jour historique, quand j’ai eu le plaisir de rencontrer l’Avvocato. Depuis lors, nous avons senti qu’avec Fiat, la continuité et le développement de notre entreprise étaient assurés. »

Agnelli et Fiat garantirent l’avenir de Ferrari. Ils permirent à Ferrari d’oublier les préoccupations financières pour se concentrer sur d’autres fronts. Fiat et Agnelli furent les meilleurs partenaires que Maranello pouvait souhaiter. Cette relation était marquée par le respect et la connaissance, deux facteurs qui manquent souvent dans une acquisition. Cet accord de 1969 était plus motivé par l’amour que par le côté financier.




Certaines des voitures spectaculaires construites par Ferrari pour Gianni Agnelli et méticuleusement personnalisées en étroite collaboration avec lui. Il s'agit notamment d'un F40, d'un 166 MM bleu et vert et d'un 212 Inter bleu de 1952




Après le décès d’Enzo Ferrari en août 1988, Fiat est devenu l’actionnaire majoritaire de Ferrari, laissant à Piero 10 % de la société. D’importants managers étaient déjà venus de Turin et avec le temps, la relation s’est intensifiée, l’Avvocato Agnelli ayant toujours le dernier mot, même dans le choix des pilotes : son accord fut décisif pour l’engagement de Michael Schumacher.

Il dit un jour : « Mais qui est ce Schumacher ? Vaut-il tout l’argent qu’il demande pour venir chez Ferrari ? » Il ne lui fallut pas longtemps pour se rendre compte qu’il valait bien plus. Il y a tout juste 20 ans, Schumi remporta le Championnat du monde avec la F2003 GA : le sigle GA représentait les initiales de Gianni Agnelli, un hommage voulu par le président de l’époque, Luca di Montezemolo, pour l’Avvocato qui fut toujours bien plus qu’un simple propriétaire. 

 




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