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Ceci n’est pas une Ferrari

Être l’une des marques les plus convoitées au monde présente un inconvénient : des escrocs et des charlatans essaient d’imiter vos produits. C’est pourquoi Ferrari lance une nouvelle initiative pour donner à ses fans du monde entier la possibilité de participer à la lutte contre la contrefaçon
Texte : Daniele Bresciani / Photos : Andrea Frazzetta
Lorsque Michael Mann décida de réaliser un film consacré à Enzo Ferrari, il se retrouva confronté à une tâche bien différente que la complexité du tournage et la mise en scène : comment construire les imitations les plus réalistes possibles de voitures datant de 1957 ? Ceux qui ont vu le film ont pu admirer ces voitures de cinéma qui ressemblaient à de véritables Ferrari. Mais il était clair dès le début que ces voitures étaient destinées à être détruites peu après la fin du tournage, comme le prouvent les photographies publiées en exclusivité dans ces pages.

En 2022, sept répliques de voitures ont été réalisées pour le film sur la vie d'Enzo Ferrari. C’est ce qui leur est arrivé après la fin du tournage…

Cependant la marque Ferrari n’est pas toujours imitée avec des intentions aussi louables ou artistiques que celles de Michael Mann. Certains en usent, voire en abusent, illégalement pour tirer des avantages économiques ou pour une simple question de notoriété.

Par conséquent, préserver la marque est une bataille menée quotidiennement à Maranello. En premier lieu par le service juridique de l’entreprise. « Ferrari rime avec luxe, innovation et italianité », déclare Carlo Daneo, conseiller juridique général de Ferrari. « Et malheureusement, il est presque acquis que quelqu’un tentera d’exploiter le nom de la marque et de s’y s’attacher sans en avoir le droit. Aussi incroyable que cela puisse paraître, en plus des faux accessoires comme les t-shirts et les casquettes, certains s’ingénient à construire de fausses Ferrari, pour les vendre bien sûr à des prix exorbitants. »


De gauche à droite : la destruction méthodique de la carrosserie en fibre de verre de la réplique « Ferrari 335 S » ; extraire le célèbre symbole de la même réplique ; un mécanicien démonte la réplique Ferrari 801 ; diverses pièces démontées

« Les faussaires sont de plus en plus compétents », explique Carlo Daneo. « Certains utilisent de véritables châssis Ferrari pour y construire dessus la carrosserie d’un modèle de plus grande valeur. D’ailleurs, des véhicules sont si bien réalisés qu’ils finissent par être mis aux enchères. Il est donc de notre devoir de les signaler aux maisons de ventes pour qu’elles les retirent du marché. Notre objectif est toujours le même : il ne suffit pas de les retirer du marché, nous voulons que toutes les contrefaçons soient détruites. Et pour y parvenir, nous essayons, dans la mesure du possible, de trouver un accord avec l’autre partie, ce qui évite d’intenter une action en justice. »

Il arrive parfois que le propriétaire d’une fausse Ferrari n’ait pas l’intention, à l’origine, de la détruire, surtout s’il a dépensé une somme non négligeable pour l’acheter. « À ce stade, explique Carlo Daneo, c’est à nous d’appliquer rigoureusement les règles et de faire comprendre à l’acheteur les conséquences juridiques auxquelles il s’expose. »

Cela vaut non seulement pour les voitures contrefaites, mais aussi pour les véhicules modifiés de manière indépendante. « Toute personne le faisant doit comprendre qu’une telle voiture ne sera jamais admise aux épreuves officielles et que, si les modifications ont compromis les aspects techniques de la voiture, elles sont susceptibles de ne pas être couvertes par la garantie. Dans des cas extrêmes, elles pourraient même compromettre l’homologation pour une utilisation sur route.


Ci-dessus : vingt restaurateurs experts ont travaillé pendant quatre mois pour préparer la carrosserie des sept répliques de voitures, rassemblées ici après le tournage pour être préparées pour une démolition minutieuse

Parallèlement aux tentatives de contrefaçon de voitures, certains individus pensent pouvoir tromper des acheteurs naïfs en ajoutant simplement une plaque sur un objet, même si ce dernier n’a absolument rien à voir avec Ferrari. Par exemple, le symbole Ferrari a été récemment retrouvé sur un réfrigérateur…

Il va sans dire que les objets les plus fréquemment contrefaits sont les plus ordinaires et les moins chers. Alors que la collection de mode Ferrari appartient au segment de l’ultra-luxe et rend donc la vie dure aux éventuels faussaires, le secteur du merchandising (les accessoires, les casquettes, les lunettes de soleil et les t-shirts inspirés de la Formule 1) fait très souvent l’objet de contrefaçons.


Ci-dessus : la fin décisive et amère d'une Ferrari 360 contrefaite. Pour rejoindre le projet, visitez : www.ferrari.com/fr-FR/reward-anticounterfeiting

À cette fin, Ferrari a lancé l’année dernière l’Anti-Counterfeiting Reward Project (projet de récompense pour la lutte contre la contrefaçon). Paolo Lorenzi, conseiller juridique principal pour la propriété intellectuelle, explique les raisons de cette initiative. « Ce projet a pour but d’encourager le signalement de contrefaçons dénoncées par toute personne souhaitant nous aider à lutter contre ce phénomène. »

Désormais, quiconque s’inscrivant à l’Anti-Counterfeiting Reward Project peut envoyer un signalement sur des contrefaçons présumées. « Si, après vérification, elles sont confirmées, ces personnes recevront un remerciement officiel de Ferrari pour nous avoir aidés dans notre lutte contre la contrefaçon, confirme Lorenzi, ainsi qu’un accessoire Ferrari en cadeau. » Les signalements arrivent quotidiennement et les vérifications sont un travail d’une extrême importance. « Mais c’est aussi une grande satisfaction de constater qu’autant de personnes – des salariés aux tifosi – ont pris à cœur cette bataille essentielle. »


Image de couverture : une scène de « Ferrari », le film de 2023 qui a étroitement collaboré avec Ferrari Classiche pour créer des répliques exactes des voitures de course Ferrari de 1957